24 septembre 2018
J - 462 jours avant de lever l’ancre
Le départ de la transat est encore si loin. Que d’étapes à franchir avant de pouvoir monter à bord. Du coup, pour me mettre un peu dans l’ambiance, j’ai décidé d’écrire ce post depuis Monhegan, notre Suprise familial amarré au Port du Vieux Stand de Lutry tout près de Lausanne. Installée avec un thermos de thé dans le carré et bercée par les mouvements lents du bateau, j’ai calé le sac contenant le spi derrière mon dos pour qu’il fasse office de dossier avant de sortir mon ordinateur pour écrire ces lignes. Un petit vent de force 2-3 vient de se lever. Les drisses des voiliers claquent contre les mâts. Ces sensations régalent mes sens.
Premiers bords sur le Léman avec notre voilier Monhegan
Le goût de la voile m’est venu sur le tard, il y a 20 ans, grâce à mon marin préféré, mon mari Bernard. Un jour, en arrivant à la maison, il nous a annoncé qu’il avait acheté un Surprise d’occasion pour la famille. C’est quand même mieux qu’une grosse voiture ! Je nous revois encore tous assis autour de la table familiale avec Aline et Olivier, nos enfants, en train de discuter du nom qu’on pourrait attribuer à notre voilier. Le choix s’est très vite porté sur Monhegan, laquelle est une petite île située au large du Maine aux Etats-Unis. Lieu que nous avions visité et dont nous étions tombés amoureux lorsque nous vivions à Boston, il y a bien longtemps.
Pour égayer la coque, notre fille Aline, qui possède un certain talent pour le dessin, avait dessiné une baleine bleue qui sourit et surfe sur une vague avec un soleil dans le creux du dos. Chaque fois que je monte à bord, ce sourire de cétacé me mets de bonne humeur.
Depuis vingt ans, Monhegan nous fait vivre des moments inoubliables sur le Léman. Malgré son âge avancé, notre vaillant petit voilier peut même s’enorgueillir d’avoir participé à plusieurs #boldormirabaud, la plus grande régate du monde en bassin fermé qui attire régulièrement des navigateurs et navigatrices confirmés.
L'Alaska sur le voilier Chamade
Quelques années plus tard, nos amis Marc Decrey et Sylvie Cohen, naviguant sur Chamade, nous ont donné le goût du large en nous invitant à bord pour partager un peu leurs aventures. C’est ainsi qu’en 2012, nous avons embarqué pour l’Alaska, dans les îles Aléoutiennes. Une expérience qui m’a imprégnée à tout jamais, faite de rencontres humaines et de partages, où le temps était comme suspendu. Nous étions immergés dans un environnement marin fabuleux. Chaque jour, chaque navigation apportant son lot de découvertes. Et puis, il faut le dire, Sylvie et Marc, ces deux journalistes aventuriers, m’ont beaucoup inspirée, tant pour l’écriture de mes livres que pour mon envie actuelle de prendre le large.
Reprendre en main la barre de son destin pour retrouver son cap
Le déclic est venu après l’épreuve du cancer du sein. Une réaction assez classique quand on a échappé au pire semble-t-il. Beaucoup de personnes se lancent dans un défi pour prendre du recul ou tenir la mort à distance, même si c'est vain puisque nous allons tous y passer un jour, qu’on le veuille ou non. En ce qui me concerne, ce qui a encore décuplé mon envie de naviguer, c’est de voir 4 de mes ami.e.s mourir d’un cancer l’année suivant ma propre maladie. Après ces événements éprouvants, j'ai eu envie de reprendre mon destin en main. Et la façon de le reprendre en main, c’était de prendre la barre d’un voilier et de faire la transat avec un équipage féminin.
La vie est belle !
La semaine qui vient de s’écouler a été riche en bonnes nouvelles. La plus importante pour moi, c’est que sur le plan de la santé tout va bien. Cela me donne la banane comme on dit. Je me sens donc pleine d’énergie pour avancer dans le projet Cap Transat.
La deuxième excellente nouvelle, c’est que mon amie skipper, dont je ne peux pas encore dévoiler le nom, a accepté de monter à bord. Et la troisième bonne nouvelle, c'est que deux autres équipières, une médecin spécialiste en gynécologique et obstétrique ainsi qu’une physiothérapeute qui se chargera de notre préparation physique, ont confirmé leur présence également. Avec ma petite personne, nous sommes déjà 4. En plus d'être constitué de belles personnes, cet équipage réduit, est d'ores et déjà capable de gérer notre embarcation, puisque nous sommes toutes en possession (ou presque) du permis mer.
Cerise sur le gâteau, quelques sponsors se sont annoncés.
La vie est belle !
Je vous en dirai plus la semaine prochaine.
En attendant, bon vent !
Elisabeth
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